OK Google Paie Tes Impôts

Google revient vendre sa camelotte à Paris 13 (cf épisode précédent), cette fois-ci sur le campus de Bobigny, soyons nombreux-ses à refuser cette privatisation de l'université.

1.  Quelques liens

2.  Avant l'action

2.1  Envoi d'une lettre à la Doyenne de l'Institut

On envoie une lettre de protestation le 9 février, demandant l'annulation de la formation, restée sans réponse.

2.2  Auto-collants sur les affiches de Google

Une première petite action anti-lunette tout à l’heure : la redécoration des (rares) affiches posées à Bobigny avec des étiquettes « Google - évasion fiscale » (photo jointe). Il en reste pour plus tard et la version « captation des données personnelles » est en cours.

2.3  On entretient Maïmonide

En bonus une petite info qui nous donne la mesure du problème : l’amphi Maimonide qui doit accueillir la formation et qui est réputé pour être le plus pourri du campus est actuellement inaccessible : des ouvriers sont en train d’y poser des bornes wifi ! Si vous avez des bureaux à repeindre ou des lampes à changer n’hésitez pas à organiser une formation google ça accélèrera sans doute les travaux…

2.4  Nous sommes attendu·e·s...

Philippe Barbet, VP, parle à Philippe Batifoulier (directeur du labo du CEPN et proche de certains éléments parmi nous) pour lui dire que ça serait bien qu'il n'y ait pas d'action lors de la venue de Google et qu'il y ait un débat à la place. Donc l'action de l'année dernière a laissé des traces dans l'esprit de la direction et l'idée de la renouveler les inquiète. C'est une bonne nouvelle ! Se lance l'idée d'une conférence militante sur l'évasion fiscale.

2.5  Quelques réactions néanmoins

A l'IUT de Bobigny (suite à des discussions autour de cette mobilisation, qui porte donc déjà ses fruits, Hamid Limani, directeur, a proposé lundi en commission informatique et audiovisuel l'installation de Quant au lieu de Google comme moteur de recherche par défaut sur tous les postes étudiants et personnels de l'IUT. Cela a été adopté. Par ailleurs, Marc est intervenu auprès de lui - par écrit avec copie à tous les élus enseignants du conseil d'institut - pour lui demander de retirer une page de publicité pour la formation Google (du style "inscrivez-vous") qui a été mise en ligne sur le site de l'IUT. Il a dit qu'il n'était "pas au courant" et s'est engagé à demander son retrait.

2.6  Repérages

En pièce-jointe les repérages effectués dans l'amphithéâtre Maïmonide. Pour l'accès secondaire: On peut effectivement entrer par l'escalier qui dessert le restau U (pour le restau U, descendre, pour l'amphi, monter un étage pour la première porte et deux pour la deuxième), s'il est ouvert (il y a une porte d'accès à l'escalier qui était ouverte mais qui doit pouvoir être fermée). Pour rejoindre cet escalier depuis l'accès principal de l'amphi, contourner la cafétéria. La porte du haut est fermée de l'intérieur (en tout cas était fermée ce soir), et la porte du bas semble... avoir un problème de fermeture. Je n'ai pas cherché à forcer le passage mais je l'ai trouvée objet d'une sorte de maladroit barricadage avec du matériel pédagogique (un vieux rétro sur table...). Peut-être tout simplement cela avait été remisé dehors par les appariteurs qui ont préparé les lieux aujourd'hui. Le fléchage est en place sur le parking.

2.7  La Quadrature du Net

L'un d'entre nous se rend le vendredi 22/02 au soir à l'apéro mensuel de la Quadrature du Net. Très bon accueil, très chaleureux. Beaucoup d'enthousiasme pour l'action. Des personnes intéressées pour nous rejoindre. Cela va permettre de donner une plus grande portée à l'action. Pour l'année prochaine, ils suggèrent d'aussi contacter Framasoft ainsi que Nouvelle vie ouvrière. Beaucoup de personnes et de groupes à rencontrer là-bas pour faire des actions libristes à P13, dans l'optique d'une contre-formation.

3.  Compte-rendu de l'action

3.1  Rendez-vous et entrée

Nous nous sommes donné rendez-vous à l'extérieur du campus de Bobigny, à peu de distance. Trois membres du comité de mobilisation et trois membres de l'association la Quadrature du Net.

Deux collègues déjà sur place nous tiennent informés par SMS: le Président Jean-Pierre Astruc et Younès Bennani (Vice-Président transformation numérique) sont sur place. Des vigiles contrôlent les sacs, les autorisations d'entrée et les cartes d'étudiants. JPA remercie Google, annonce que "des gens vont peut-être venir vous dire tout le mal qu'ils pensent du numérique" (sic) et nous propose de prendre la parole (mais nous n'y sommes pas encore).

Nous nous répartissons les rôles et les tracts. Nous entrons sans difficulté sur le campus, la sécurité ne nous arrête pas. Nous suivons le fléchage Google jusqu'à l'amphithéâtre Maïmonide.

Sur place, nous décidons d'y aller de front et de nous présenter directement à la porte. JPA nous accueille et nous demande si ça va durer longtemps "pas plus de 5-10 minutes". On entre.

3.2  Prises de parole

L'amphithéâtre est plein. Il y là des étudiant-e-s, visiblement, mais aussi des membres du personnel ou des personnes extérieures.

Notre intervenant obtient le micro et prend la parole (voir le tract), il déroule son discours préparé. Il est rejoint par différents membres du comité de mobilisation et de la Quadrature du Net. Bennani fulmine à côté de lui. Les autres membres prennent des photos, distribuent des tracts et les solutions au quizz.

Notre intervenant est interrompu d'abord par un étudiant dans les premiers rangs au milieu qui énonce que "Google eux, donnent de l'emploi" (en oubliant la précarité des personnes qui donnent cette formation) et veut qu'on le laisse étudier. Une femme, plus âgée, derrière lui crie contre notre intervenant en arguant que les gens ici sont "libres", que la formation est "gratuite" et que "maintenant il faut les laisser étudier" (en parlant sans doute des étudiant-e-s), elle termine en ponctuant par trois "maintenant vous sortez d'ici !" en pointant du doigt la porte. Applaudissements importants, surtout sur l'avant de la salle.

Une personne dans la salle apostrophe notre intervenant en disant : "Vous n'avez qu'à en faire, vous, des formations !". Il ignore précisément que l'université possède des équipes qui pourraient offrir des formations dans le domaine des technologies numériques - bien plus professionnelles et éthiquement neutres que celle de Google - mais que celles-ci ont à peine les moyens d'accomplir leurs missions de base.

JPA reprend le micro et demande qu'on écoute notre intervenant. Un autre membre du comité de mobilisation prend la parole, hors du micro pour répondre aux questions.

Notre intervenant reprend le micro. L'argument de proposer les solutions de la formation sous forme d'anti-sèches semblent calmer les plus critiques (mais pas celle de se mobiliser pour changer le modèle économique dominant, hélas) et suscite des rires. Applaudissements, plutôt sur le fond de la salle. Notre intervenant termine son discours et rend le micro. Nous nous dirigeons vers la sortie. Un des membres du comité de mobilisation place encore quelques arguments en sortant.

3.3  A la sortie

Dehors nous discutons avec plusieurs étudiant-e-s sorti-e-s en même temps que nous.

JPA vient défendre la formation avec des arguments comme "ça leur donne un petit quelque chose pour leur CV" (authentique). On lui rétorque que des certifications similaires mises en place par des enseignant-e-s-chercheur-se-s de P13 ont reçu bien moins de soutien.

Pendant les discussions, l'un d'entre nous écrit "OK Google: paie tes impôts !" sur une des feuilles plastifiées indiquant la direction de la formation. Younès Bennani se précipite vers lui en criant que c'est de la "dégradation des biens de l'université" (sic). Il tente d'effacer, en vain: c'est du marqueur permanent. JPA le calme. Echange énergique: nous argumentons que la vraie dégradation de l'université c'est celle des budgets et que nous défendons notre université. L'un d'entre nous fait aussi valoir que la Maison des Sciences du Numérique à Villetaneuse n'a jamais été mise à la décision et que la formation Google n'a jamais été discutée par la CFVU.

Encore quelques discussions. JPA s'en va.

Nous repartons vers le reste du campus.

3.4  Dans le campus

Comme prévu, nous faisons le tour du campus pour chasser les affiches Google pour les "redécorer". Il en reste particulièrement peu, sans doute grâce à nos collègues de Bobigny qui sont passés avant nous et dont les corrections ont été retirées. Comme l'année dernière, Google avait collé sur le sol des autocollants en forme de pas, mais ils ont été en partie retirés.

Nous sommes rejoints par une membre de la Quadrature du Net qui s'était trompée et était allée à Villetaneuse plutôt qu'à Bobigny. Notre groupe s'émiette.

Nous faisons notamment un tour du côté de la cafeteria pour afficher nos tracts excédentaires et nous corrigeons tous les panneaux Google menant à l'amphithéâtre Maïmonide.

Vers 11h nous quittons le campus. Nous discutons avec une jeune femme qui a aussi quitté l'amphithéâtre et nous remercie de notre action.

4.  Communiqué et suivi

Le communiqué final est en pièce-jointe. L'article de blog de la Quadrature du Net en soutien.

Une réaction de la part de Paris 3: "Bonjour,

J'ai pris connaissance de votre action contre Google via le site de la Quadrature du Net.

A Paris 3, nous sommes également un petit collectif qui luttons depuis bientôt trois ans contre la décision de notre CA d'adopter Google comme système de messagerie pour les personnels et les étudiants. Vous trouverez sur notre blog un compte-rendu des dernières actions : https://googlep3.wordpress.com

Pour résumer, nous avons réussi pendant assez longtemps à bloquer le processus en nous appuyant sur une circulaire ministérielle qui interdisait aux administrations d'avoir recours à des serveurs situés hors d'Europe mais cette circulaire a été retirée...

Nous sommes donc tout disposés à participer à des actions inter-runiversitaires. C'est urgent : Google fait du forcing pour s'infiltrer dans l'enseignement supérieur...

Cordialement."

5.  Brouillon du tract

Tract définitif en pièce-jointe.

OK Google: paie tes impôts !

[Il faudrait ajouter des éléments graphiques : pour attacher un document à cette page, il suffit de rajouter ?action=upload à la fin de l'URL de cette page, à la place de ?action=edit]

La formation Google donnée du 25 au 28 février 2019 est un scandale et une honte inacceptable pour l'Université Paris 13.

Quand Google ne paie pas ses impôts, l'Université tombe en ruine

Marre des amphis froids et qui tombent en ruine ? Marre des enseignants non-remplacés, indisponibles ou sous-formés ? Peur de la sélection et des formations qui ferment ? Peur de devoir payer des frais d'inscriptions démentiels dès l'année prochaine ? Et si on demandait à Google d'enfin payer ses impôts ?

Google contribue à la dette publique de l'État français et à la dégradation continue du service public (notamment dans l'enseignement supérieur) du fait d'une volonté de réduire la dépense publique.

Début 2019, la presse révélait que la société-mère de Google est un adepte du "sandwich irlando-néerlandais". En 2017, une filiale irlandaise de Google a ainsi transféré 19,9 milliards d’euros vers une entreprise néerlandaise sans employé, puis vers une société écran aux Bermudes, évitant à l’entreprise des milliards de dollars d’impôts.

Toujours en 2017, la filiale française de Google déclarait un chiffre d’affaires de 325 millions d’euros et payait 14 millions d’euros d’impôts sur les bénéfices, un montant ridicule par rapport au chiffre d’affaires effectivement réalisé. Le marché de la publicité sur les moteurs de recherche, dominé à près de 90% par Google, s’élevait à lui seul à 2 milliards d’euros cette année là.

Selon les estimations d'Attac France (france.attac.org), Google France délocaliserait plus de 85% de son chiffre d’affaires français.

A l'heure où on envisage de mettre dehors les étudiant.e.s extra-européens en augmentant les frais d'inscription (x16 pour une entrée en Licence dès septembre 2019), pourquoi accueille-t-on une entreprise qui pratique de l'évasion fiscale de masse ?

Le chiffre: il manque '20 millions d'€' chaque année à Paris 13 pour fonctionner correctement (et 3 milliards aux universités françaises en général). En 2017, Google a esquivé le paiement '1,1 milliard d'€' d'impôts (sans compter l'évasion fiscale !), soit de quoi financer Paris 13 pendant 50 ans ! Et ça continue d'année en année. Les entreprises comme Google totalisent 80 milliards d'évasion fiscale chaque année. Si elles payaient ce qu'elles doivent, on aurait plus besoin de payer l'impôt sur le revenu (70 milliards).

Une formation bidon qui cache de la vraie publicité

Le modèle de la formation dite "certifiante" de Google est une formation express, totalement déconnecté des fondamentaux de la pédagogie. *Google débarque à l'Université sans connaître les étudiants et ne les reverra plus après

  • formation déconnectée de tout le reste du programme
  • aucune consultation avec les enseignants et les équipes pédagogiques
  • aucune évaluation indépendante et sérieuse, aucune validation par les collègues
  • pour être intervenants, pas besoin de beaucoup de diplômes (des étudiants en L3 sans formation d'informatique peuvent le faire...) tandis que les enseignants de l'Université sont solidement formés

Bref, une pédagogie au rabais, comme vous pourrez vous-mêmes le constater. Chacun des cours que vous recevez dans le reste de vos programmes sont infiniment plus sérieux et encadrés que cette formation qui ne conduit à aucun diplôme.

De plus, par son modèle économique, Google vit sur la captation des données privées de ses utilisateurs, qu'il s'agisse de données issues de sa messagerie ou du suivi de l'activité des internautes, par exemple. La Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés vient de condamner Google à une amende record pour non-respect de la vie privée (délibération du 21 janvier 2019 de la CNIL).

Donc Google qui donne des leçons sur l'informatique, c'est comme la Société Générale (la banque) qui parlerait de fiscalité, c'est comme Total (le pétrolier) qui se piquerait d'écologie, c'est Marlboro (le cigarettier) qui se fait le champion des politiques de santé, c'est Monsanto (le vendeur d'OGM) qui nous parle d'agriculture. Bref: c'est le délinquant en cravate qui vient donner des leçons de morale.

Donc si la formation est vide et donnée par une entreprise aux intérêts bien compris, que reste-t-il ?

Ce que vous subissez pendant 4 jours, c'est de la ""publicité"", c'est de la ""propagande"" ! Paris 13 met du "temps de cerveaux libres" à la disposition de Google, vos cerveaux - et gratuitement en plus ! Google ne paie rien (surtout pas ses impôts) et Paris 13 paie les vigiles, la salle, le chauffage, etc. plutôt que de vous donner de vrais cours, critiques et données par des enseignants sans conflits d'intérêts avec des entreprises privées.

Le chantage au chômage: quelles solutions ?

On vous fait peur avec la menace du chômage et en prétendant qu'une ligne de plus sur votre CV fera la différence. Mais :

  1. Les employeurs ne sont pas stupides et savent quelle est la "valeur" de cette formation.
  2. Le chômage de masse ne se combat que par la lutte collective, en exigeant un changement de fond du modèle économique mondial !
  3. Google: employeur modèle ? Les gens en face de vous sont recrutés comme "auto-entrepreneurs": un statut extrêmement précaire, sans sécurité sociale ni assurance maladie ou chômage.

Malgré tout si vous voulez tout de même avoir le papier MAIS que vous préférez passer ces trois jours à faire quelque chose de vraiment intéressant (vous mobiliser contre la hausse des frais d'inscription, découvrir comment lutter contre Google ou simplement glander paisiblement) vous trouverez au dos de ce tract les réponses au questionnaire final. Oui: la formation est tellement bidon que ses questions restent les mêmes d'année en année...

Bon courage et bonne lutte !

Plus d'infos sur https://13enlutte.lautre.net Rejoignez le comité de mobilisation: mail de contact





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